Cette pièce aborde le processus de construction de l’individu pendant l’enfance. Il est probable qu’avec Rosemarie, chaque spectateur adulte retrouvera une part de lui-même, et que chaque spectateur enfant se reconnaîtra ou reconnaîtra ses pairs.
Rosemarie est une petite fille qui souffre de sa timidité et du sentiment de solitude qui en découle. C’est une enfant égocentrique, qui peut être gentille comme elle peut être très méchante, qui n’ose pas parler, qui ne sait d’ailleurs pas quoi dire aux autres. Par contre elle est très bavarde avec elle-même. Rosemarie se pose les grandes questions qui font peur quand on est enfant : « Qui suis-je ? Comment c’est, « être grand » ? Comment c’est, « être amoureux » ? Comment c’est, « être mort » ? Elle se confronte aussi à l’autorité des adultes, le père, la maîtresse d’école, le professeur de danse. Rosemarie qui dans la vraie vie n’ose pas parler, adore danser et voudrait que la vie soit ainsi faite qu’elle puisse s’exprimer par la danse plutôt que par des mots. La vie lui serait tellement plus simple et facile !
Un jour, alors qu’elle rêve d’un ami imaginaire avec lequel elle pourrait partager ses pensées, ses jeux et ses rêves, celui-ci apparaît. Et c’est en sa compagnie que Rosemarie traverse les quatre saisons qui rythment son passage, à la fois drôle et grave, de l’enfance à la préadolescence.
Ainsi Rosemarie va peu à peu accepter de grandir, c’est-à-dire s’accepter elle-même et s’ouvrir vers les autres.
« Rosemarie : De quoi pourrais-je bien parler… C’est vrai que ce n’est pas si facile. Tout ce possible, devant moi, cette infinité de mots qui me regardent sévèrement et semblent attendre que je les choisisse, par lequel commencer? Peut-être faut-il en piocher un au hasard puis le laisser se promener tranquillement, partir à la rencontre des autres. Un mot, ce pourrait être comme un petit animal, un lapin par exemple, qui gambade dans un champ, fait des galipettes dans les touffes d’herbe puis joue brusquement du pipeau, mange du romarin, balaie la cour de récréation, assomme les professeurs à coups de cahier, les enferme dans un placard en les tirant par les oreilles… J’aimerais bien pouvoir, quand j’en ai envie, dire tout ce qui me passe par la tête.
Le garçon : À l’école, tu ne peux pas.
Rosemarie : Non, c’est dommage. »